La limite de l'arbre

Nothofagus solanderi
var. cliffortioides
à Arthur's Pass,
Nouvelle-Zélande

La limite de l'arbre, c'est la zone d'altitude au-delà de laquelle la rigueur du climat interdit le développement de l'arbre et donc, de la forêt. En montagne, cette limite forme une ligne plus ou moins nette. Au dessus poussent les végétaux subalpins et alpins, buissons, herbacées, plantes rases, rampantes ou formant des coussins. Contrairement à ce qui se passe dans l'hémisphère nord où pins, épicéas, sapins, pruches, mélèzes et autres conifères marquent la limite supérieure de l'arbre en montagne, ce sont des feuillus qui occupent cette niche écologique dans l'hémisphère sud, très souvent des Nothofagus, alors que les conifères (Podocarpaceae en majorité) sont relégués à basse ou moyenne altitude.

Nouvelle-Zélande
En Nouvelle-Zélande, la limite de l'arbre est marquée de façon très nette, ligne très visible située entre 900 et 1.200 m d'altitude. Deux arbres se relaient à cette altitude : N. menziesii, sur sites très arrosés et bien drainés et N. solanderi var. cliffortioides, sur sites plus ingrats. En partant de la vallée et en grimpant jusqu'à la limite de l'arbre, on observe un rapetissement progressif des arbres et une canopée qui reste serrée mais de moins en moins éloignée du sol. Vers la limite, les arbres ne mesurent plus qu'un à deux mètres de haut. Leur port évoque des bonsaï. Ils sont couverts de lichens. Puis, très brusquement, la forêt s'arrête et des prairies à tussock prennent le relais en altitude. La photographie ci-dessus (Arthur's Pass) montre bien la ligne formée par la hêtraie à N. solanderi var. cliffortioides, en vert, à laquelle succède, en jaune, la prairie à tussock. Les tussocks sont des herbes assez hautes, de couleur jaune, poussant par touffes.
Tussocks

Australie
Dans les montagnes de Tasmanie, N. cunninghamii et N. gunnii sont deux espèces occupant couramment la limite de l'arbre en altitude. Cette limite se situe vers 1.300 m. N. gunnii, essence caduque, parvient même à grimper au-delà sous la forme d'arbrisseaux prostrés et rampants.          

Amérique du Sud
Là encore, les Nothofagus forment fréquemment la limite de l'arbre. Dans le nord du Chili central où apparaissent les premiers Nothofagus (vers 33° de latitude sud), cette limite est située vers 2.500 m et l'on y trouve N. obliqua, N. macrocarpa et N. rutila. Partout ailleurs, deux autres espèces occupent cette niche : N. antarctica et surtout N. pumilio. Ces deux espèces sont même capables de grimper encore plus haut, sous la forme de buissons rabougris. Dans l'extrême sud du continent, en Terre de Feu, la limite de l'arbre est située vers 900 m. Vers 40° de latitude sud, les forêts formant la limite supérieure de l'arbre sont généralement faites d'un mélange de N. pumilio et d'Araucaria araucana.
N. rutila à la limite de l'arbre  
N. glauca à la limite de l'arbre

Nouvelle-Calédonie
En Nouvelle-Calédonie, les montagnes ne sont pas suffisamment hautes pour qu'on puisse parler d'une limite du développement arborescent. Une espèce de Nothofagus, N. baumanniae, vit pourtant confinée vers les plus hauts sommets de la région, grimpant un peu au dessus de 1.300 m. 

Nouvelle-Guinée
Contrairement à ce qui se passe ailleurs, les Nothofagus n'atteignent pas la limite de l'arbre en Nouvelle-Guinée. Au contraire, ils se montrent gélifs et dépassent rarement 3.000 m d'altitude, ce qui ne représente pas la limite supérieure de l'arbre sous ces latitudes équatoriales.                         

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