L'idée,
c'est que le minuscule et l'immense s'équivalent.
En une seule feuille de chêne,
c'est toute la forêt qui s'offre.

Bonsaï

Nothofagus solanderi est l'espèce possédant les plus petites feuilles.
A haute altitude (1.000 à 1.200 m), la variété cliffortioides forme naturellement des "bonsaïs" dont les feuilles minuscules n'ont que quelques millimètres de long.
Tous les styles sont représentés et jins et sharis sont omniprésents.

A gauche : bonsaï de Nothofagus antarctica issu de bouture et âgé de 13 ans au moment de la photo.

Au moment où j'écris ces lignes, mai 2009, j'ai encore peu de bonsais de Nothofagus dignes de ce nom. N. antarctica commence à avoir de la gueule, deux autres espèces néo-zélandaises issus de semis en 2000 commencent elles aussi à sortir de l'ordinaire.
J'espère que ces premiers aperçus donneront une idée du potentiel du genre Nothofagus dans la réalisation de bonsais, l'espèce N. fusca donne un résultat sympa en peu de temps (10 ans), quant à N. solanderi c'est une espèce exceptionnelle dans ce domaine qui cumule tous les atouts : présence de bonsais naturels en montagne dans son pays d'origine, feuillage très petit naturellement, courbes harmonieuses et entre-noeuds courts, facilité de culture car vivant sur sols pauvres dans la nature, très bonne réaction à la taille sans perte de rameaux, tolérance à la sécheresse, etc.

C'est le bonsaï qui m'a fait connaître les Nothofagus. Plus spécialement N. antarctica, qui est la plus courante des espèces et qui a de petites feuilles. Les amateurs de bonsaï la connaissent et la cultivent parfois.
En réalité, il n'y a pas que N. antarctica qui convienne au bonsaï, mais l'ensemble des espèces tempérées. La plupart ont des feuilles petites ou très petites, des branches fines, une grande facilité à ramifier, des entre-nœuds courts, toutes sortes de caractéristiques qui sont des qualités pour le bonsaï. Pourtant, comme pour la culture ornementale en parc et jardin, le genre Nothofagus reste méconnu des amateurs de bonsaï. Il est vrai que les yamadori naturels sont un peu loin à aller chercher et que la pépinière de base n'en propose pas (parce qu'il n'y a pas de demande). Pourtant, même en Nouvelle-Zélande, les amateurs de bonsaï cultivent.....des ormes de Chine, des pins à cinq aiguilles et des érables du Japon
! Il y a aussi que ce ne sont pas des arbres totalement rustiques dans toutes les régions de France (voir
Rusticité). Mais en bonsaï, ce n'est pas un vrai problème puisqu'on peut déplacer les pots...
Pour cultiver des Nothofagus, il faut donc passer par le semis, ce qui est très lent et qui n'intéresse pas forcément tous les amateurs. Mais ça vaut la peine d'essayer, car la plupart des espèces sont réellement très adaptées au bonsaï, tandis que certaines ont une vigueur exceptionnelle (d'où un épaississement du tronc rapide chez les semis). Le problème reste alors de les trouver (voir Où les trouver ?).
Les techniques de culture en bonsaï sont les mêmes que pour tous les autres arbres.
La plupart des espèces demandent un substrat franchement acide pour bien se développer (utiliser la kanuma).

Le genre est très varié, espèces caduques, espèces persistantes, espèces semi-persistantes, couleurs variées selon les saisons. Voici les caractéristiques de certaines espèces pour la culture en bonsaï :
N. antarctica
Le plus facile à trouver. Petites feuilles, ramifications abondantes, fines et serrées. Rameaux pointillés de blanc. Attractif par son feuillage vert éclatant au printemps, sa façon de virer de couleurs en automne, très progressive, où la ramure est panachée à la fois de feuilles jaunes et de feuilles vertes. Croissance lente en épaisseur.
Photos de Nothofagus antarctica en bonsai
N. obliqua
Presqu'aussi facile à trouver. Il a de grandes feuilles pour un Nothofagus, c'est à dire des feuilles moyennes comparées à celles des essences européennes, et de toutes façons très faciles à réduire puisque les deux à trois premières feuilles du rameau sont beaucoup plus petites que les suivantes. Couleurs d'automne allant du jaune au rouge. Très grande vigueur et donc construction rapide d'un bonsaï à partir de semis.
N. alpina
A chercher dans le commerce sous le nom de N. procera. C'est l'espèce possédant les plus grandes feuilles (elles ressemblent à celles d'un charme et sont de même taille). Attractif pour son superbe feuillage d'automne (dans les roses saumon). Intéressant aussi pour sa rapidité de croissance.
N. glauca
Espèce moins vigoureuse que les deux précédentes mais s'épaississant quand même assez vite. Attractive par son jeune feuillage rouge et par ses feuilles d'automne, jaunes. L'automne est d'ailleurs très tardif chez cette espèce : il reste des feuilles vertes courant janvier. Rejette facilement et spontanément de souche.
N. solanderi
Possède les plus petites feuilles du genre. Minuscules (souvent moins de 1 cm de long), elles sont persistantes mais changent d'apparence dans le cours de l'année : vert éclatant au printemps et en été, le feuillage bronze et devient marron en hiver. Il redevient vert au printemps. Certaines feuilles sont pointillées de rouge. Ramifications très fines mais développement en épaisseur lent.
Photo de Nothofagus solanderi en bonsai
N. dombeyi
Possède des petites feuilles allongées et persistantes, d'un vert clair, lumineux, été comme hiver. Les rameaux sont très fins et les entre-nœuds très courts.
N. cunninghamii
Attractif par son feuillage surtout, rouge au printemps et vert sombre ensuite. Cette espèce a des feuilles minuscules et triangulaires, brillantes, persistantes, des rameaux fins s'étalant d'eux-mêmes et des entre-nœuds très courts.
N. pumilio
Une espèce à feuillage caduc, dont les feuilles se colorent les unes après les autres en automne, rendant la couronne panachée de vert et de couleurs (orange à rouge et brun). Le feuillage d'été est vert sombre. Feuilles petites.
Un bon exemple de
Fukinagashi.
N. fusca
Dents des feuilles conformées de façon assez inhabituelle, très échancrées dans le limbe. Le feuillage est semi-caduc, c'est à dire qu'il tombe au printemps, au moment où l'arbre débourre. Les feuilles sont parfois mouchetées de points rouges. Elles bronzent en hiver, devenant rouge brun.
Photos de Nothofagus fusca en bonsai
N. menziesii
Encore une espèce à feuilles minuscules, persistantes, d'un vert très soutenu et brillant. Rameaux s'étalant spontanément et entre-nœuds très courts.
N. truncata
Une espèce introuvable, à petites feuilles tronquées semi-caduques (tombent au printemps, juste après la pousse printanière).

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