Forêts de Nothofagus en Nouvelle-Calédonie |
Les cinq espèces de Nothofagus néo-calédoniens appartiennent au sous-genre Brassospora, comme celles de Nouvelle-Guinée. Malgré cette proximité taxonomique, elles diffèrent de ces dernières par certains caractères, le plus visible étant la taille. Toutes les espèces de Nouvelle-Guinée sont de grands arbres, alors que les espèces de Nouvelle-Calédonie sont plutôt des arbres de petite ou de moyenne stature (entre 10 et 20 m de hauteur, parfois 25 m pour N. aequilateralis), et seul N. codonandra parvient à dépasser les 30 m et encore, en de rares occasions. Une autre caractéristique des espèces néo-calédoniennes est la texture de leur feuilles, presque toujours épaisses et coriaces (sauf celles de N. discoidea). Par ailleurs, le comportement dans la nature des Nothofagus de Nouvelle-Calédonie est conforme à celui du genre dans son ensemble, en particulier la tendance marquée à pousser en parcelles bien délimitées par rapport aux formations environnantes et à peu se mélanger. Ces espèces sont généralement observées par poches assez localisées et dominent la partie supérieure de la canopée, perdues au sein d'une végétation de type maquis. Elles poussent surtout le long de la chaîne montagneuse centrale de Grande Terre, plus souvent au dessus de 500 m, mais restent communes en de-ça de cette altitude dans le sud de l'île car les précipitations y sont régulières. Confinée en général aux sols ultramafiques (voir Nouvelle-Calédonie), les espèces sont plus abondantes dans le sud de l'île où ces sols dominent. On les trouve parfois en dehors de ces terres mais dans ce cas, les sols qu'elles occupent sont ingrats (très maigres), ou bien le site en question est difficile (sommet de crête exposé, par exemple). N. aequilateralis est l'espèce la plus fréquente et la plus tolérante vis à vis de l'altitude, vivant préférentiellement en dessous de 600 m à l'inverse de N. codonandra et de N. balansae, espèces relativement communes, mais au dessus de 600 m. Plus rare et confinée à l'extrême sud, N. discoidea est une espèce de basse altitude, tandis que N. baumanniae, plus rare encore, n'est répertoriée que sur les pentes de trois sommets, toujours au dessus de 800 m d'altitude. Avant la colonisation humaine de l'île et l'exploitation commerciale du nickel, les trois premières espèces étaient sans doute plus répandues. La structure de ces hêtraies néo-calédoniennes est formée d'une canopée assez ouverte, située vers 20 m de hauteur en moyenne, surplombée parfois de 20 m par des gymnospermes comme Araucaria et Agathis, tandis que la variété d'espèces est plutôt faible au niveau de la voûte supérieure (les Nothofagus la dominant). Dans le cas d'une forêt mixte, la canopée est alors moins ouverte, mais le sous-bois reste aussi dense et les genres les plus fréquemment mélangés à Nothofagus sont Diospyros, Apodytes, Gymnostoma, Cryptocarya, Dysoxylum, Calophyllum, ainsi que des genres appartenant aux Sapindaceae, Moraceae, Lauraceae, Araliaceae, Apocynaceae, Myrtaceae et Podocarpaceae. Vers 5 à 10 m en dessous de cette voûte se trouve un sous-étage plus riche, dense du fait de l'ouverture de la canopée et comprenant les genres Semecarpus, Calophyllum, Elaeocarpus, Canarium, Garcinia, Diospyros, Acropogon, Dysoxylum, plus plusieurs genres des familles Euphorbiaceae, Sapotaceae, Araliaceae, Cunoniaceae, Apocynaceae, Lauraceae, Moraceae, Sapindaceae et Podocarpaceae. Cet étage inclue également un grand nombre de végétaux à port assez similaire, bien que les familles auxquelles ils appartiennent soient très éloignées les unes des autres, c'est à dire possédant de grandes feuilles et un tronc (ou stipe) non ramifié. Ces genres sont soit des monocotylédones (Pandanus et palmiers comme Actinokentia et Basselinia), soit des dicotylédones de familles hétéroclites comme Euphorbiaceae, Myrtaceae ou Araliaceae. On dénombre au moins 90 genres d'arbres et d'arbustes associés aux hêtres de Nouvelle-Calédonie, chiffre parlant de lui-même en faveur de la richesse de ces hêtraies tropicales face à celle des zones tempérées. Enfin le sous-bois accueille un grand nombre d'espèces de buissons ou d'arbustes (Ixora, Hybanthus, Psychotria, Zygogynum, Styphelia), et des laîches du genre Costularia (dans les forêts les plus ouvertes, d'autres laîches peuvent vivre, dont Gahnia et Lepidosperma). On trouve aussi des fougères (Blechnum, Davallia, Lindsaea, Schizaea et Trichomanes) et des fougères arborescentes (Cyathea), de fortes lianes ligneuses comme Alyxia, Parsonsia et Smilax ainsi que des grimpantes plus graciles du genre Freycinetia. |